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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/216

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Si par ce qui brille à mes yeux,
L’air, le port, la taille, la mine,
Je puis de votre sang pénétrer l’origine,
La source en doit venir des Dieux,
Et pour vous le Destin…

glaucus

Je l’avouerai, Madame.
Le Destin m’a comblé d’honneurs jusqu’à ce jour,
Et le rang que je tiens dans une illustre Cour
Aurait de quoi satisfaire mon âme,
Si j’étois content de l’amour ;
Mais une Nymphe ingrate autant qu’elle est aimable,
Silla, la charmante Silla,
Par une rigueur incroyable,
Ne peut souffrir mes vœux, les rejette, et c’est là
De tous les maux pour moi le plus insupportable.
Son cœur d’un autre amour dès longtemps prévenu,
Traite mes plaintes d’indiscrètes.
Mélicerte…

circé

Ce nom ne m’est pas inconnu,
Et je sais par lui qui vous êtes.
Jusque dans mon Palais votre amour a fait bruit.
On y plaint le Prince de Thrace,
Que trop d’aveuglement réduit
À la honteuse et sensible disgrâce
De pousser des soupirs dont un autre a le fruit.

glaucus

Il n’en est point de plus cruelle.
Mes maux passent tous ceux qui se peuvent offrir ;
Mais est-il honteux de souffrir,
Lorsque la cause en est si belle ?
Tout ce qu’un rare Objet eut jamais de charmant,
Tout ce qui peut toucher une âme,
Silla…

circé

Vous parlez en amant ;
Mais enfin vos chagrins naissant de votre flamme,