De vos soins, de vos vœux j’aimai le tendre hommage,
Mais quand je me souviens de ce triste avantage,
Il me souvient aussi, malgré vos vœux reçus,
Qu’Achille est votre père, et qu’Hector ne vit plus.
Quoi, vous trouvez pour moi du crime en ma naissance ?
À Briseis.
Ah, Madame, de grâce embrassez ma défense,
Soutenez un amour qui n’a jamais songé…
C’est le même, il est vrai, mais les temps ont changé.
Un scrupule pareil n’a rien qui m’inquiète,
Vous trouvez dans le Prince une vertu parfaite,
Et qui pour lui d’un père aima d’abord le choix,
Voudra bien obéir une seconde fois.
Comme Ulysse m’écoute, et peut nous être utile,
Je vais l’entretenir avant que voir Achille.
Princesse, espérez-en les plus heureux effets.
Madame, tous mes vœux se bornent à la paix.
Sauvez Troie, il suffit de ce seul avantage,
Ou si de cette paix on veut ma foi pour gage,
Si mon hymen en peut être le seul lien,
Faites-le proposer sans que j’en sache rien,
C’est tout ce qu’à mon cœur ma gloire peut permettre.
Pour elle de mes soins il doit tout se promettre.
Vous saurez si pour vous j’aurai perdu mes pas.
Allez, parlez, Madame, et ne m’oubliez pas.
Pour obtenir qu’Achille à mes vœux soit propice,
De mon timide espoir peignez-lui le supplice.
Par tout ce que vos feux ont pour lui de plus doux,
Priez, pressez.