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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/221

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astérie

La paix ainsi par moi n’auroit pas été faite :
Et comme des Jaloux de tous temps on a ri,
Pour faire crever le Mari,
J’aurois rendu la Femme si coquette,
Que rien n’auroit jamais guéri
Les visions de son âme inquiète.
Après tout, qui voudroit de près y regarder,
C’est bien aux Maris à gronder,
Si quelquefois de tendres flammes
S’allument dans nos jeunes coeurs.
Que ne sont-ils les Galants de leurs Femmes ?
On n’en chercheroit point ailleurs.

dorine

Tous les Maris n’ont pas tant de délicatesse,
Et j’en sais de moins scrupuleux,
Qui des Galants qui vont chez eux
Ménageant l’utile tendresse,
N’ont besoin de notre pouvoir
Que pour être sans yeux, quand il faut ne rien voir.

astérie

Que direz-vous d’un tas de Belles
Qui donnent le champ libre à cent regards errants.
Et qui pour voir leur Cour grossit de Soupirants,
Me font à tous moments pour elles
Faire des Charmes différents ?
Encor tout de nouveau j’en ai deux de commande
Pour reblanchir des Lis effacés par les ans.
À moins qu’avec nous l’on s’entende,
L’âge fait de vilains présents
Dont la beauté n’est pas bonne marchande.

florise

Ce sont là des emplois légers,
Les miens sont de plus d’importance.
Un Brave qui n’a pas une entière assurance,
Quand il s’agit d’affronter les dangers,
A mis en moi son espérance.