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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/238

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Scène VIII


CIRCÉ, DORINE.


circé

Est-ce une illusion, et suis-je encor Circé ?
Quoi, dans mon Art un autre me surmonte ?
Par un pouvoir plus fort cet Art est renversé,
Et tout ce qu’entreprend le courroux qui me dompte,
Pour venger mon honneur mortellement blessé,
Je ne l’entreprends qu’à ma honte ?
Ah Dorine !

dorine

Madame, un tel événement
A porté si loin ma surprise,
Que j’ai peine à sortir de mon étonnement.
Qu’à vous braver un Mortel s’autorise !

circé

Mes Charmes n’ont encor agi que faiblement.
Je voulois l’épargner, mais après l’avantage
Qu’il vient de s’acquérir sur moi,
Je n’ai plus recours qu’à ma rage ;
D’elle seule aujourd’hui je veux prendre la loi.
C’en est fait, contre lui je vais mettre en usage
Ce que moi-même j’envisage
Avec des sentiments d’effroi.
Viens, malgré ces dures atteintes,
Mon cœur doit être ferme, et j’ai lieu de rougir
De perdre le temps à des plaintes,
Quand l’honneur me presse d’agir.