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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/242

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Tendresse des deux parts à nulle autre seconde ;
Mais bonne clause aussi, que l’on se quittera
Sans souffrir que l’Amour en gronde,
Si tôt qu’on s’en dégoûtera.

mélicerte

Dans les vives douleurs où mon âme est en proie,
Vous pouvez me parler ainsi ?

astérie

Que voulez-vous ? J’ai le cœur à la joie,
Et quand je ris d’un Amoureux transi,
C’est mon penchant qui se déploie.
Mais enfin sortez de souci,
Vous brûliez pour Silla, le Ciel vous la renvoie.
Aujourd’hui même elle doit être ici.


mélicerte

Silla dans ce Palais ?

astérie

Elle est encor capable,
Quand vous la reverrez, d’attirer vos désirs.

mélicerte

Ah, ne m’en parlez point ; malgré tous les soupirs
Que m’a déjà coûtés le malheur qui m’accable,
Pour moi Circé est aimable ;
Et si vous lui vouliez peindre mes déplaisirs,
Elle ne seroit pas peut-être inexorable.

astérie

Voici le Confident du rival qui vous perd.
Laissez-moi découvrir par lui ce qui se passe.
Pour empêcher le coup dont l’amour vous menace,
Nous pourrons agir de concert,
Sil m’apprend que son Maître ait toujours même audace.

mélicerte

Parlez, je lui quitte la place ;
Heureux qu’un tel secours à mon feu soit offert.