Tendresse des deux parts à nulle autre seconde ;
Mais bonne clause aussi, que l’on se quittera
Sans souffrir que l’Amour en gronde,
Si tôt qu’on s’en dégoûtera.
Dans les vives douleurs où mon âme est en proie,
Vous pouvez me parler ainsi ?
Que voulez-vous ? J’ai le cœur à la joie,
Et quand je ris d’un Amoureux transi,
C’est mon penchant qui se déploie.
Mais enfin sortez de souci,
Vous brûliez pour Silla, le Ciel vous la renvoie.
Aujourd’hui même elle doit être ici.
Silla dans ce Palais ?
Elle est encor capable,
Quand vous la reverrez, d’attirer vos désirs.
Ah, ne m’en parlez point ; malgré tous les soupirs
Que m’a déjà coûtés le malheur qui m’accable,
Pour moi Circé est aimable ;
Et si vous lui vouliez peindre mes déplaisirs,
Elle ne seroit pas peut-être inexorable.
Voici le Confident du rival qui vous perd.
Laissez-moi découvrir par lui ce qui se passe.
Pour empêcher le coup dont l’amour vous menace,
Nous pourrons agir de concert,
Sil m’apprend que son Maître ait toujours même audace.
Parlez, je lui quitte la place ;
Heureux qu’un tel secours à mon feu soit offert.