Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/252

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Votre Art devoit forcer l’obstacle injurieux
Que sa rigueur oppose à ma tendresse,
Il me devoit rendre aimable à ses yeux.
Peut-être un changement semblable
Aurait à votre gloire ajouté quelque éclat.
Vous pouvez tout encor, mon cœur n’est point ingrat,
Et vous savez de quoi je suis capable
Pour rompre un injuste attentat.
Songez-y de grâce.

silla

Ah Madame,
Vous laissez-vous séduire contre moi ?
Et pour favoriser sa flamme,
Me forçant à manquer de foi,
Voulez-vous au parjure abandonner mon âme ?

circé

Non, n’appréhendez rien ; si de votre rigueur
Je me suis engagée à lui faire justice,
Je ne l’ai prétendu que par le sacrifice
Que je lui faisois de mon cœur.
Il l’ose refuser, je le vois avec honte ;
Quand je le cacherois, ma rougeur vous le dit,
Et si mon amour interdit
Ne souffre pas ma vengeance aussi prompte
Que la demande un violent dépit,
Elle est en est plus à craindre, et peut-être il suffit
Qu’en pouvoir l’Univers n’a rien qui me surmonte.

silla

Prince, je ne vaux pas les malheurs que je crains.
Voyez-en le péril et rentrez en vous-même.
Oubliez qui vous fuit, pour aimer qui vous aime,
Et faites-vous enfin raison de mes dédains.
Un seul mot peut calmer l’orage qui s’apprête.

glaucus

Moi, qu’aux dépens d’un feu qui s’augmente toujours
Je cherche à garantir ma tête