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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/253

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Du fier éclat de la tempête
Qui vous fait trembler pour mes jours ?
Qu’elle gronde à loisir ; bien loin que je m’en plaigne,
J’aimerai d’autant plus à me trouver surpris
Des malheurs qu’on veut que j’en craigne,
Que pour tout autre Objet n’ayant que du mépris,
L’amour que j’ai pour vous semble augmenter de prix,
Par les périls que je dédaigne.
Ce tendre emportement ne peut-il mériter
Que pour moi la pitié vous touche ?
N’adoucira-t-il point cette rigueur farouche,
Et quand un peu d’espoir commence à me flatter,
Ne sauriez-vous ouvrir la bouche,
Que ce ne soit pour me l’ôter ?

circé

Joindre sans cesse outrage sur outrage !
Tombe la Foudre sur ces lieux,
Et puisse par un prompt ravage,
La flamme dévorant ce Palais à ses yeux,
Lui-même en même temps craindre et sentir ma rage ?

silla

Ah, Prince, redoutez ce que peut faire son courroux,
Et voyez mieux ce que vous faites.
Ne l’entendez-vous pas dans son transport jaloux
Presser les Éléments…

glaucus

Non, Madame, où vous êtes
Je ne vois, je n’entends que vous.
C’est l’effet de votre présence.

circé

Quoi, la Terre, le Ciel, tout est sourd à mes cris ;
Et voyant à toute heure avorter ma vengeance,
L’Ingrat par de plus fiers mépris,
Triomphe de mon impuissance ?
Que me sert que du sang des Dieux
Avec éclat le Destin m’ait fait naître,
S’il me faut endurer qu’un lâche Audacieux