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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/260

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Quand à mes yeux en un moment
L’une et l’autre a su disparaître.

astérie

Qu’il y songe, à la fin lui-même y sera pris.
Il est jeune, bien fait, et ce seroit dommage,
Que faute de vouloir déguiser le mépris
Où Silla pour Circé l’engage,
Il se laissât changer en quelque vieux Loup gris,
Dont peut-être il jouera bientôt le personnage.

palémon

Que veux-tu ? C’est un Éventé
Qui ne croit jamais que sa tête.
Pour retrouver Silla dont il est la conquête,
En cent lieux différents j’ai déjà fureté,
Et tandis qu’en ce Bois j’en viens faire l’enquête,
Il la cherche de son côté.
Ne me diras-tu point où Circé l’a cachée ?

astérie

Mon âge incompatible avecque le secret,
Du conseil de Circé m’a toujours retranchée.
Je parois étourdie, et puis l’être en effet.
C’est un malheur pour moi, mais j’aurois grand regret,
Si la discrétion aux ans est attachée,
D’avoir l’esprit moins indiscret.

palémon

Fort bien ; quoique les ans donnent de la sagesse,
Tu n’as point hâte de vieillir.

astérie

L’automne est douce à qui s’empresse
D’avoir des fruits mûrs à cueillir ;
Mais quoi qu’exposer à faillir,
Je tiens toujours pour la jeunesse.

palémon

C’est bien fait, le Printemps est la belle saison.
Tu peux faire du tien un agréable usage.

astérie

Du moins quand je m’échappe à quelque badinage