Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/267

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Mon intérêt est joint au vôtre.
Je vous l’ai fait connoître ; ainsi
Du succès de vos feux n’ayez aucun souci,
Je m’en charge. Allez l’une et l’autre,
Amenez Mélicerte ici.

Florise et Astérie sortent.


silla

Vous m’allez rendre ce que j’aime ?
Madame, pardonnez si je ne vous dis rien,
Quoi que pense l’Amour, quand la joie est extrême,
Jamais il ne s’explique bien.
Si vous savez aimer, jugez-en par vous-même.

circé

Puisque l’Amour vous rend Mélicerte si cher,
Pour voir de vos desseins le succès plus facile,
Il faut à son rival quelque temps vous cacher,
Et de ses soins à vous chercher
Rendre dans un lieu sûr l’entreprise inutile.
Si l’obscur séjour de ce bois
N’a rien pour vous de trop mélancolique,
D’un seul mot j’y puis faire un Palais magnifique,
Où les plaisirs naîtront à votre choix.
C’est là que le Prince de Thrace
Ne vous découvrira jamais,
Et dans votre cœur le trouble fera place
Aux charmes d’une douce paix.
Tandis que l’heureux Mélicerte
Dans Thèbes ira préparer
Les honneurs que l’hymen vous y doit assurer,
Dans cette demeure déserte
Vous serez à couvert du désespoir jaloux,
Qu’Amant dédaigné peut suivre contre vous.

silla

Ma flamme en ce conseil trouve trop d’avantage,
Pour ne s’en pas faire une loi.
Mélicerte a reçu ma foi,
Et pour fuir son rival, il n’est lieu si sauvage
Qui n’ait mille charmes pour moi.