Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/274

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Ah, refus qui me désespère !
Que ne peut ma fureur… Je m’égare, me perds.
Donc, pour avoir raison d’un téméraire,
Je ne trouve aujourd’hui qu’impuissance aux Enfers ?
Hélas ! Fut-il jamais un sort plus déplorable ?
Vous me plaignez ? Ah c’est trop m’outrager.
Fuyez ; votre présence et me gêne et m’accable,
Si vous ne pouvez me venger.

  
Les Furies disparaissent.

 

dorine

Tous vos Charmes détruits vous le font trop connoître.
Madame, vous tentez d’inutiles combats ;
Pour triompher de vous, Vénus arme son bras.

circé

Quoi, le Soleil de qui j’ai reçu l’être,
Lui voit chercher ma honte, et ne l’empêche pas ?
Il peut souffrir… Mais le moment s’approche
Où pour moi sa bonté va peut-être éclater.
Je le vois, c’est lui-même, il le faut écouter.

  
Le Soleil paroit dans son palais. Ce palais est d’or, composé avec des colonnes torses d’or poli, qui sont revêtues de branches de Laurier qui les environnent, de couleur naturelle. Les chapiteaux sont d’or fin ciselé, et les bases des colonnes de même matière, aussi bien que la frise et la corniche. Le corps du massif de ce palais est de pierres précieuses, et tous les piédestaux de marbre blanc, au milieu desquels on voit de gros Rubis. Les panneaux sont enrichis de veines d’or sur un fond de lapis. Au-dessus de la Corniche on voit, dans une espèce de petite Attique d’où naissent les cintres, des lires d’or, avec plusieurs ornements ; et dans le milieu des voûtes sont peints de grands Soleils d’or poli, avec quantités d’autres ornements. L’Optique de ce palais est toute transparente, et jette un éclat qui éblouit.