Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/282

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silla

Si par là de mon cœur il répare la perte,
Les plaintes sont en son pouvoir.

florise

Quoi, l’amour sans regret souffre ainsi qu’on se quitte ?

silla

Mais peut-on être juste, et voir d’un œil égal
Le fort et le foible mérite ?
Regardons Mélicerte auprès de son rival.
La différence est-elle si petite,
Que ce soit m’y connoître mal,
Qu’écouter contre lui ce qui me sollicite ?
Oui, sans doute, et mon cœur y doit prendre intérêt.
Ce rival n’est que trop digne qu’on le préfère ;
Une noble fierté fait briller ce qu’il est,
Et sur son front est peint le caractère…

astérie

Enfin, Madame, il suffit qu’il vous plaît,
C’est tout en amour que de plaire.

silla

Quand par accueil obligeant
Mon cœur pour lui s’est fait connoître,
Quelle joie à vos yeux n’a-t-il pas fait paroître ?
Que ne m’a-t-il point dit de flatteur, d’engageant ?
J’ai dû, j’ai dû me rendre, et toute autre en ma place
Dès l’abord l’auroit préféré.
Il ne s’est pas encor tout à fait déclaré,
Mais si j’en crois l’image qu’il me trace
Du bonheur qui m’est préparé,
Un plus haut rang par lui m’est assuré,
Que celui de Reine de Thrace.
Vous l’avez entendu toutes deux ?

florise

Il est vrai ;
Et ce qui me feroit soupçonner quelque chose,