Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/291

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Témoin du tendre amour qui possédoit leurs âmes,
Des rigueurs de Circé je murmurois tout bas,
De n’être favorable à de si belles flammes,
Que pour livrer Glaucus à de plus durs combats,
Quand tout à coup… Hélas ! Comment vous dire
Ce que j’ai peine encor moi-même à concevoir ?
Une Source s’élève, et l’eau qu’elle fait choir
Ayant enveloppé Silla qui se retire,
À Glaucus, comme à moi, la rend hideuse à voir,
Ce n’est plus cette Nymphe aimable
Sur qui le Ciel versa les plus riches trésors.
Des Monstres par ce Charme attachés à son corps ;
Font de leurs cris affreux un mélange effroyable,
Dont l’horreur à Silla tient lieu de mille morts
Elle s’en désespère, et sa disgrâce est telle,
Qu’en vain Glaucus s’efforce à lui prêter secours ;
Le Charme a commencé de faire effet sur elle,
Il n’en peut plus rompre le cours.
Il se plaint, il s’afflige, et si de sa vengeance
Circé vouloit le rendre elle-même témoin,
Sans doute elle auroit peine en ce pressant besoin
À ne pas… Mais vers nous je la vois qui s’avance.



Scène V


CIRCÉ, DORINE.


circé

Laissez-nous l’une et l’autre. Et bien, Dorine, enfin
Ai-je assez rétabli ma gloire ?

dorine

Triompher du pouvoir Divin,
C’est emporter la plus haute victoire.