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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/293

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Scène VI


GLAUCUS, CIRCÉ, DORINE.


glaucus

Venez, venez, Barbare, il manque à vos fureurs,
Pour goûter pleinement votre lâche vengeance
D’offrir à vos regards les indignes horreurs
Qui confondent mon espérance.
Hélas ! C’est donc ainsi que l’orage est calmé ?
Silla dont vous deviez m’assurer la tendresse,
Silla dont à mon cœur charmé
Vous promettiez…

circé

L’effet a suivi ma promesse.
Si vous aimez Silla, n’êtes-vous pas aimé ?

glaucus

Je le suis, il est vrai, mai c’est pour mon supplice.
C’est pour la voir par de tendres soupirs
Me demander la fin des cruels déplaisirs
Où de votre rigueur l’expose l’injustice.
Devenir ce qu’elle est, quoique sans rien souffrir,
À tous insupportable, odieuse à soi-même,
C’est plus mille fois que mourir.
Jugez si ma peine est extrême.
J’ai causé son malheur, je l’adore, elle m’aime,
Et je ne puis la secourir.

circé

Vous réduire à cette impuissance,
C’est faire tort à la Divinité ;
Mais vous n’ignorez pas ce qu’il faut que j’en pense,
De ce que vous pouvez j’ai fait l’expérience,
Et sais ce qu’il m’en a coûté.