Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/329

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PROLOGUE


La décoration est une montagne toute de rochers, aux côtés de laquelle on découvre plusieurs arbres, avec cette différence, que les montagnes qui ont été vûes jusqu’ici au théatre, sont d’une peinture plate qui représente le relief, & que celle-ci est un relief effectif. C’est en ce lieu que Thalie, qui est celle des muses qui préside à la comédie, rencontre le genie de la France, avec qui elle s’étoit déjà déclarée sur la peine où elle se trouvoit touchant quelque nouveauté qu’elle avoit dessein de faire paroître ; & comme elle ne pouvoit sortir d’embarras par elle-même, elle lui adresse les paroles suivantes.


THALIE, LE GÉNIE DE LA FRANCE.
Thalie.

Génie incomparable, esprit à qui la France
Doit les sages conseils qui la font admirer,
Pour réparer mon impuissance,
De ton secours qu’ai-je lieu d’espérer ?

Le génie.

Tout, divine Thalie, & je suis sans excuse,
Si pouvant t’appuyer contre ce qui t’abat,
Je néglige à servir la muse,
De qui la comédie emprunte son éclat.
C’est toi qui fais paroître avec pompe, avec gloire,
Sur le théatre des François,
Ce qu’aux Étrangers quelquefois
Le récit qu’on en fait rend difficile à croire.

Thalie.

Je promettrois encor des divertissemens
Dont on aimeroit le spectacle,