Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/330

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Si pour faire crier miracle
J’en pouvois à mon choix régler les ornemens.
Quand Sémélé, Circé, la Toison, Androméde,
Sur la scéne à l’envi se sont fait admirer,
Par la machine à qui tout céde,
Chacun avec plaisir se laissoit attirer.
Mais que pensera-t-on, si toujours je m’obstine
À faire voir machine sur machine ?
Comme on se plaît à la diversité,
Il est de galantes matiéres
Qui, par les agrémens de quelque nouveauté,
Auroient des grâces singuliéres.

Le génie.

J’en ferai tant voir à la fois,
Que je pourrai te satisfaire.
La nouveauté charme tous les François,
Et ce m’est un moyen assuré de leur plaire.

Thalie.

Je t’ai parlé déjà d’un amant inconnu,
Qui pour toucher une fiére maîtresse,
Lui donnant des fêtes sans cesse,
En auroit enfin obtenu
L’heureux aveu de sa tendresse ;
Mais l’amour aura beau le rendre ingénieux.
Que fera-t-il de magnifique,
S’il n’a pour l’oreille & les yeux,
Ni pompes de Ballets, ni charmes de musique ?

Le génie.

Il peut se reposer sur moi
Du soin de ses galantes fêtes.
Pour plaire à ce qu’il aime, & lui marquer sa foi,
Il les trouvera toujours prêtes.

Thalie.

Ses desseins doivent être heureusement conduits,
Si ta bonté les favorise.

Le génie.

Il faut par un essai dont tu seras surprise,
Te faire voir ce que je puis.