Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand je suis déguisé, je le donne au plus fin,
Si me voulant connoître, il n’y perd son latin.
Ne vous inquietez pour aucun de mes rôles.
Je les jouerai d’un air… Mais tréves de paroles.
Vous avez par l’effet déjà vû ce que vaut…

Le Marquis.

N’as-tu rien oublié de tout ce qu’il nous faut ?

La Montagne.

Quand je vous fais en tout paroître un zéle extrême,
Douter de moi qui suis la vigilance même,
Et qui toujours sur piéd pour servir votre amour,
Depuis un mois & plus ne dors ni nuit ni jour ?
Au moins, si par hazard mon cerveau se démonte,
Ce sera, s’il vous plaît, Monsieur, sur votre compte.
À force de veiller…

Le Marquis.

À force de veiller…Va, j’en réponds.

La Montagne.

À force de veiller…Va, j’en réponds.Ma foi,
Je suis sûr qu’un jaloux dormiroit plus que moi.
Avoir tout à la fois tant de choses à faire,
C’est assez pour… Allez, quoique prompt à vous plaire,
Pour bien songer à tout, bien vous prend qu’au besoin
Ma mémoire ait fourni de quoi nous mener loin.
Il ne manque plus rien à l’ordre de la fête ;
Et de l’air dont chacun sur mes Leçons s’apprête,
Ce que j’ai préparé de divertissemens,
Aura tout ce qu’on peut souhaiter d’agrémens.
Ainsi la belle Veuve à qui vous voulez plaire,
Ignorant d’où lui vient ce qu’elle verra faire,
Vous croira tout au moins demi sorcier, pour moi,
Je mets le diable au pis, s’il brigue mon emploi,
C’est de quoi l’exercer, quelque adroit qu’il puisse être.

Le Marquis.

Mais tout cela n’est rien, si l’on me fait connoître.