Tant de précaution mérite qu’on vous loue ;
Mais vous perdez beaucoup à vous cacher ainsi.
Déjà pour vous Olympe a le cœur adouci,
Et le galant auteur de tant de belles fêtes
La mettroit aisément au rang de ses conquêtes.
Il est vrai, j’ai connu par certains embarras
Qu’elle seroit d’humeur à ne me haïr pas ;
Mais, quand je serois moins à ma belle comtesse,
Olympe au chevalier doit toute sa tendresse,
Il l’adore, & je l’ai toujours trop estimé,
Pour lui ravir l’objet dont je le vois charmé.
Ma maîtresse aime Olympe, & pour voir cette belle,
Permet au chevalier un libre accès chez elle.
Depuis qu’elle est ici, par mille tendres soins,
De l’amour qui l’attire, il rend nos yeux témoins ;
Mais plus on vous verra, plus je crains pour sa flamme,
Les devoirs qu’il lui rend ne touchent point son ame ;
Et ses regards sur vous à toute heure arrêtés,
Ne parleroient que trop, s’ils étoient écoutés.
Mais vous, par quel motif vouloir toujours vous taire ?
A-t-on à se cacher, quand on est sûr de plaire ?
Vos soins, sous votre nom, auroient été reçus.
Chacun a ses raisons, & j’en ai là-dessus.
Tout ce qui peut charmer se trouve en la comtesse ;
Mais soit par défiance, ou par délicatesse,
Le secret de son cœur se ménage si bien,
Qu’avec elle un amant n’est jamais sûr de rien ;
Elle veut être aimée, attire, écoute, engage,
Mais le plus avancé n’a pas grand avantage ;
La presser c’est se rendre indigne de sa foi,
Et vingt fois, tu le sais, elle a dit devant moi
Qu’on auroit vers son cœur moins de chemin à faire,
Plus, sans rien exiger, on feroit pour lui plaire.