Aller au contenu

Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Olympe.

De leur petite mascarade
Le dessein est assez nouveau.

La Comtesse.

Il faut les écouter, car je me persuade
Qu’ils nous vont de l’Amour faire un joli tableau.


DIALOGUE DE L’AMOUR
et de la Jeunesse.
La Jeunesse.

Quoique vous nous voyiez ensemble,
C’est assez rarement que nous sommes d’accord.

L’Amour.

Comme tout me céde, il me semble
Que me céder aussi ne vous feroit pas tort.

La Jeunesse.

Moi, vous céder ! Et pourquoi, je vous prie ?
Si vous avez des charmes assez doux,
Qui plaisent en coquetterie,
Je me fais aimer plus que vous.
Jamais je ne quitte personne,
Qu’on ne s’en fasse un dur tourment.
Hélas ! dit-on, faut-il si promptement
Que la jeunesse m’abandonne ?
Mais quand le noir chagrin de vos transports jaloux
Force deux cœurs à la rupture,
On y trouve un repos si doux
Qu’on vous laisse aller sans murmure ;
Et je ne sache que les foux,
Qui mal guéris de leur blessure,
Veuillent renouer avec vous.

L’Amour.

Et quand on ne rompt point, est-il douceurs pareilles ?