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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/350

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La Jeunesse.

C’est un miracle dont le bruit
Vient rarement à mes oreilles ;
Mais regardons le dégoût qui le suit.
Ce n’est pas comme la jeunesse
Qui se trouve aimable en tout temps.
Vous n’avez point d’agrément qui ne cesse,
Pour peu que vous alliez au-delà du printemps.
Quand l’âge vient, la belle chose
Que les soupirs de deux amans barbons !
À quoi peuvent-ils être bons,
Qu’à plaindre leur métamorphose ?
Ce n’est plus en douceurs qu’ils passent tout le jour,
L’un dort tandis que l’autre gronde,
Et jamais on ne vit au monde
Rien de si sot qu’un vieil amour.

L’Amour.

De vos jeunes attraits vous faites bien la fiere.

La Jeunesse.

On la feroit à moins ; par tout je saute aux yeux,
On me nomme partout des beautés la premiere,
Et c’est en quoi sur vous je l’emporte encor mieux.
Car enfin, pour me vaincre, employez ruse, adresse,
Cherchez artifice, détours,
Il n’est point de laide jeunesse,
Mais il est de vilains amours.

L’Amour.

Vous croyez que je me chagrine,
De vous voir ravaler mes droits ?

La Jeunesse.

Il n’est pas défendu de faire bonne mine,
Quoiqu’on enrage quelquefois.
Pour moi, je n’aime que la joie,
Et, malgré nos débats qui durent trop long-temps,
Il faut qu’à danser je m’emploie.

L’Amour.

Danser ! Ignorez-vous qu’on a…