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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/356

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Que sait-on si l’amour, pour m’assurer sa foi,
N’aura pas fait en lui ce qu’il a fait en moi ?
Tu sais ce qu’il m’a dit, loin qu’il en prenne ombrage,
Il voit avec plaisir que l’inconnu l’engage,
Qu’il s’en fasse estimer, & voudroit que l’amour,
Pour les unir ensemble, eût déjà pris le jour.
Me découvrir ainsi le secret de son ame,
Mélisse, n’est-ce pas que parler de sa flamme,
Et me dire à demi que son cœur tout à moi
N’aspire qu’au bonheur de dégager sa foi ?

Mélisse.

Gardez de vous flatter, on croit ce qu’on desire ;
Mais souvent…

Olympe.

Mais souvent…Ne crains rien. Si pour lui je soupire,
L’amour qui m’y contraint se conduira si bien,
Qu’aux yeux de la comtesse il n’en paroîtra rien.
Tout ce que je prétens, est de vanter sans cesse
Les soins de l’inconnu, son esprit, son adresse ;
Et si de cet amour son hymen est le prix,
Je pourrai faire alors expliquer le marquis.

Mélisse.

Ainsi le chevalier n’a plus rien à prétendre ?

Olympe.

Le voici, je ne puis refuser de l’entendre ;
Mais son amour du mien s’est un peu trop promis.



Scène II

LE CHEVALIER, OLYMPE, MÉLISSE.
Le Chevalier.

Madame, apprenez-moi quel espoir m’est permis.
Mon chagrin ne peut plus se forcer au silence ;
Je vous vois, vous retrouve après un mois d’absence,