Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/360

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Le Marquis.

L’amour n’excepte rien.

Le Chevalier.

L’amour n’excepte rien.Pour ne pas l’irriter,
Je vous trahirois ! Non, laissons-la s’emporter,
Le temps & la raison éteindront sa colere.

Le Marquis.

Une maîtresse ordonne, il faut la satisfaire.
Parlez pour l’inconnu ; tous vos soins employés
Peut-être me nuiront moins que vous ne croyez.

Le Chevalier.

La comtesse l’estime, & son ame incertaine
Peut malgré votre amour…

Le Marquis.

Peut malgré votre amour…N’en soyez point en peine.
Sur elle, sur mon cœur je sais ce que je puis.

Le Chevalier.

Comprenez-vous aussi quels seroient mes ennuis,
S’il falloit que par moi…

Le Marquis.

S’il falloit que par moi…Vous n’avez rien à craindre.
Empêchez seulement Olympe de se plaindre.

Le Chevalier.

Plus je vous vois agir en ami généreux,
Plus j’ai de répugnance à combattre vos feux.
Je m’oppose pour vous à ce qu’Olympe exige,
Et crains tant d’obtenir…

Le Marquis.

Et crains tant d’obtenir…Ne craignez rien, vous dis-je,
Et, sans examiner le péril que je cours,
Assurez, s’il se peut, le repos de vos jours.
Je le verrai sans peine.

Le Chevalier.

Je le verrai sans peine.Ô bonté que j’admire !
Que ne vous dois-je point, & que puis-je vous dire ?
Je vais rejoindre Olympe, & malgré sa froideur,
Lui jurer d’un amant la plus soumise ardeur,