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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/370

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La Comtesse.

On voit avec plaisir de semblables combats
Qui ne font craindre pour personne.

Comus.

Il seroit malaisé qu’ils manquassent d’appas,
Quand c’est l’Amour qui les ordonne.
Mais il est d’autres dieux que moi,
Qui se sont mêlés de la fête ;
Vertumne y prend part ; & je voi
Qu’ainsi que Pomone il s’apprête
À raisonner sur son emploi.


[Pomone & Vertumne s’avancent, et chantent le Dialogue qui suit.]


DIALOGUE DE VERTUMNE ET DE POMONE.


Vertumne.

De quel chagrin, Pomone, as-tu l’ame saisie ?

Pomone.

Si Vertumne a des yeux, doit-il le demander ?
Je suis, quoique déesse, obligée à céder ;
Puis-je le voir sans jalousie,
Quand en faveur d’un amant inconnu
J’ai promis de venir régaler cette belle,
J’avois crû ne trouver en elle
Que les appas d’une simple mortelle
Pour qui l’Amour étoit trop prévenu ;
Mais les divinités n’ont rien qui la surpasse,
Il n’est éclat qu’elle n’efface,
Et je viens d’avoir la douleur,
Qu’auprès d’elle mes fruits ont changé de couleur.
Après un tel affront puis-je être sans colere ?

Vertumne.

J’aurois la même plainte à faire.
J’ai beau, comme dieu des jardins,