Aller au contenu

Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Marquis.

Il ne me déplaît pas.Que ne poursuivez-vous ?
Quoique l’usage ait mis les façons hors de mode,
Je me retirerai, si je vous incommode.

La Comtesse.

Vous le prenez d’un ton fort agréable.

Le Marquis.

Vous le prenez d’un ton fort agréable.Moi ?
Je me fie à mes yeux, & croi ce que je voi.

Le Chevalier.

Ce sont garans mal sûrs, & souvent l’apparence…

La Comtesse.

Ne dites rien, de grace, il faut voir ce qu’il pense.

Le Marquis.

Ce que je pense ?

La Comtesse.

Ce que je pense ?Et bien ?

Le Marquis.

Ce que je pense ?Et bien ?Que pourrois-je penser ?
Il vous baisoit la main.

La Comtesse.

Il vous baisoit la main.Il peut recommencer ;
Est-ce-là tout ?

Le Marquis.

Est-ce-là tout ?Quoi donc, je puis être si lâche,
Que de…

La Comtesse.

Que de…Continuez, j’aime assez qu’on se fâche.
Là, Monsieur le Marquis, emportez-vous, pestez.
Je voudrois bien de vous ouir des duretés.

Le Marquis.

Le respect me retient, malgré votre injustice ;
Mais au moins avouez qu’en deux ans de service
Jamais à mon amour un traitement si doux…

La Comtesse.

Hé bien, le cœur m’en dit plus pour lui que pour vous ;
Croyez-vous l’empêcher, & vous en dois-je compte ?