Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/380

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Souvent elle est chagrine, incommode, bizarre,
Pour voir à quoi contre elle un amant se prépare,
Et juger de son cœur par la soumission
Où cette rude épreuve a mis sa passion.
Pour vaincre ses froideurs, il parle, il presse, il prie ;
Et la paix succédant à cette brouillerie,
Ce qu’il montre de joie à se raccommoder,
Acheve pleinement de la persuader.

Le Chevalier.

Que je devrois chérir ce qui m’arrache l’ame,
Si l’on n’avoit dessein que d’éprouver ma flamme !
Mais qui m’assurera qu’on me garde sa foi ?
Qu’on ait le cœur touché de ma tendresse ?

La Comtesse.

Qu’on ait le cœur touché de ma tendresse ?Moi.
Ne vous alarmez point, Olympe est mon amie ;
Et quand votre expérience encor mal affermie
Du succès de vos feux vous laisseroit douter,
J’ai quelque droit ici de me faire écouter ;
Ses chagrins passeront.

Le Chevalier.

Ses chagrins passeront.Vous me rendez la vie.
Souffrez, lorsqu’à l’espoir cette offre me convie.
Que j’en marque ma joie, et…

[Il se met à genoux & baise la main de la comtesse.]



Scène IV

LE MARQUIS, LA COMTESSE, LE CHEVALIER.
Le Marquis.

Que j’en marque ma joie, et…Le transport est doux.

La Comtesse.

Il ne me déplaît pas.