Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais en vain contre vous la brigue emploiera tout,
Vous aurez le plaisir de la voir renversée,
Et d’en venir toujours à bout.
Vous avez quelque fois de flatteuses maniéres
Qui seroient pour l’espoir un motif bien pressant,
Si pour les balancer vous n’en aviez de fiéres,
Qui le font mourir en naissant.
Cette ligne qui croise avec celle de vie,
Marque pour votre gloire un murmure fatal ;
Sur des traits ressemblans on en parlera mal,
Et vous aurez une copie
Qui vous fera croire l’original
D’un honneur ennemi de la cérémonie.
N’en prenez pas trop de chagrin :
Si votre gaillarde figure
Contre vous quelque temps cause un fâcheux murmure,
Un tour de ville y mettra fin,
Et vous rirez de l’avanture.
Votre cœur est brigué par quantité d’amans ;
Mais le premier de tous pourroit s’en rendre maître,
Si le dernier, sans se faire connoître,
Ne vous inspiroit pas de tendres sentimens.
Cependant vous aurez beau faire.
Même prix, même gloire est acquise à leurs feux,
Vous les épouserez tous deux,
C’est du destin un décret nécessaire.

La Comtesse.

Tous deux ?

Olympe.

Tous deux ?Si pour constant ce décret est tenu,
Madame, du marquis nous demandons la vie,
Il vous a le premier servie.
Quand vous serez veuve de l’Inconnu,
Vous pourrez l’épouser, s’il vous en prend envie.

Le Marquis.

Non, non, je prends sur moi le soin de démentir
La nécessité du veuvage.