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ACTE IV.



Scène premiere.

LA COMTESSE, LE MARQUIS, VIRGINE.
Le Marquis.

Ne me le cachez point, vous voilà résolue ;
L’Inconnu seul vous touche, & ma perte est conclue.

La Comtesse.

Vous montrer de votre ombre à toute heure jaloux,
Ce n’est pas le moyen de m’attacher à vous.
L’Inconnu s’y prend mieux ; sans contraindre mon ame,
Par les plus tendres soins il fait parler sa flamme,
Et peut-être ai-je tort de vouloir plus long-temps
Que mon cœur se refuse à des feux si constans.

Le Marquis.

Hé bien, il faut céder ; mais ce qui me console,
Quand à votre bonheur ma passion s’immole,
C’est qu’au moins je pourrai, malgré mes feux jaloux,
Montrer qu’en vous aimant je n’ai cherché que vous.

La Comtesse.

Je ne vous croyois pas l’ame si généreuse.

Le Marquis.

L’Inconnu vous mérite, il faut vous rendre heureuse.

La Comtesse.

Le coup vous touchera plus que vous ne pensez.

Le Marquis.

N’importe, vous vivrez contente, & c’est assez.