En deux ans je n’ai pû réussir à vous plaire ;
Après un mois de soins, l’Inconnu l’a sû faire ;
Votre panchant pour lui ne peut se démentir,
Je voi qu’il vous emporte, il faut y consentir.
Vous le dites d’un air si plein de confiance,
Qu’il semble…
Je le dis, parce que je le pense.
Un si beau sacrifice est digne d’un amant ;
Mais d’où vient que tantôt vous parliez autrement ?
Inquiet, alarmé, vous me faisiez un crime
De ce que l’Inconnu m’avoit surpris d’estime ;
Le louer, c’étoit faire outrage à votre foi.
C’est qu’alors mon amour ne regardoit que moi ;
Il a vû son erreur ; & la secrette honte
D’écouter pour lui-même une chaleur trop prompte,
L’a rendu si conforme à tout ce qui vous plaît,
Qu’il fait de vos desirs son plus cher intérêt.
C’est trop, pour l’Inconnu je les ferai paroître.
Je dois chérir sa flamme, & dès demain, peut-être,
Puis que c’est pour vos vœux un spectacle si doux,
Vous aurez le plaisir de le voir mon Époux.
J’aurai ce plaisir ?
Mon choix sera pour lui.
Ainsi, donc le voyant, d’abord vous l’aimerez ?
Si je ne l’aime pas, vous m’en accuserez.