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ACTE III



Scène I


Pyrrhus, Antilochus.

ANTILOCHUS

Oui, Seigneur, le succès a suivi votre attente,
Achille avec Priam est encor dans sa Tente,
Il l’a seul en secret longtemps entretenu,
Et n’a rien demandé qu’il ne l’ait obtenu.
Tout est d’accord entre eux, et la Paix est certaine.

PYRRHUS

As-tu su quelle joie en montre Polixène ?
Sa crainte combattoit l’espoir que j’avois pris,
J’en croyois trop l’amour.

ANTILOCHUS

Je n’en ai rien appris.
Seulement la nouvelle est au Camp répandue
Qu’Hélène à Ménélas par l’accord est rendue,
Et qu’au sang de Priam celui d’Achille uni
Étouffe pour toujours…

PYRRHUS

Ô bonheur infini !
Enfin, Antilochus, contre toute apparence,
Après de longs transports de haine et de vengeance,
Après le corps d’Hector indignement traîné,
Je vois en un moment l’orage terminé.
Prêt à renverser tout, il calme sa furie,
Achille est exorable, on le prioit, il prie,
Et de mon cœur charmé secondant les désirs,
Il acquiert Polixène à mes brûlants soupirs.
Qui l’eut crû que mon feu fut sitôt sans obstacle ?