Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/41

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ANTILOCHUS

Achille aime, et l’amour a produit ce miracle.
Aux Manes de Patrocle il eut tout immolé,
Plus de ressentiment, Briseis a parlé,
Et ce que sur son âme il lui donne d’empire
L’asservit, quoiqu’il veuille, à ce qu’elle désire.

PYRRHUS

Rien ne pouvoit sans doute être plus généreux,
Je dois à Briseis ce qui me rend heureux,
Elle seule appuyant les intérêts de Troie…


Scène II


Achille, Pyrrhus, Alcime, Antilochus.

PYRRHUS

Ah, Seigneur, puis-je assez vous témoigner ma joie ?
Pour reconnoître mieux ce que je tiens de vous,
Permettez que l’amour me jette à vos genoux.
Cette paix que ma flamme avoit tant souhaitée,
M’assure un bien si cher…

ACHILLE

Nous l’avons arrêtée,
Et ce soir Polixène, en présence du roi,
Doit confirmer l’accord par le don de sa foi.
Au Temple d’Apollon déjà tout se prépare ;
Mais quoique pour la paix votre amour se déclare,
Je crains qu’elle n’ait plus de quoi vous contenter,
Quand vous saurez le prix qu’il vous en doit coûter.

PYRRHUS

Ah, n’appréhendez point qu’il ait rien qui me gêne,
Puis-je trop acheter la main de Polixène ?