Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/411

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Olympe.

J’ose vous demander une grace.Parlez ;
Je veux dès ce moment tout ce que vous voulez.

Le Marquis.

Vous servez l’Inconnu, promettez-moi, Madame,
Qu’après que la comtesse aura payé sa flamme,
Vous prendrez un époux de ma main.

Olympe.

Vous prendrez un époux de ma main.Doutez-vous
Que je n’en fasse pas mon bonheur le plus doux ?

Le Marquis.

Je crains, quand vous saurez…

Olympe.

Je crains, quand vous saurez…Cette crainte est frivole.
Fiez-vous en à moi, je vous tiendrai parole ;
Et pour pouvoir plutôt répondre à vos desirs,
L’Inconnu n’a que trop poussé de vains soupirs.
Je veux que, dès demain, la comtesse le voie.

Le Marquis.

Mais par où l’informer…

Olympe.

Mais par où l’informer…J’en trouverai la voie.
Il n’est pas difficile ; & si j’en juge bien,
Le Comus de tantôt fait le comédien.
À la taille, à la voix, j’ai crû le reconnoître ;
Je prétens lui donner un billet pour son maître,
Qui lui fera savoir, que galant, amoureux,
Il n’a qu’à se montrer pour devenir heureux.

Le Marquis.

Mais si de son portrait la comtesse éblouie
Se plaint, en le voyant, d’avoir été trahie ?
Car vous aurez plus dit…

Olympe.

Car vous aurez plus dit…Il est vrai, j’ai voulu
Fixer en sa faveur son cœur irrésolu ;
Mais un homme galant remplit toujours sans peine
L’attente qu’en fait naître une estime incertaine ;
Et la comtesse en lui…