Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/425

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Est-ce que Zéphire vous aime ?

Céphise.

Le beau sujet d’étonnement !
Croyez-vous sa conquête une si grande affaire ?
Et quand on me voit plus d’un jour,
N’ai-je pas assez de quoi plaire
Pour mériter un peu d’amour ?

Aglaure.

Voilà toujours votre folie.
La plus Belle jamais n’eût tant de bonne foi.

Céphise.

Je ne suis, si l’on veut, ni belle, ni jolie,
Mais j’ai certains je ne sai quoi
Qui me font préférer à la plus accomplie.

Aglaure.

Vous le croyez ?

Céphise.

Vous le croyez ?Si je le croi ?
Avec mon humeur enjouée,
Je fais faire naufrage à qui m’en vient conter ;
Et dès qu’on a pû m’écouter,
C’est une franchise échouée
Mais quand je trouverois Zéphire indifférent,
Le pressant de parler, s’en pourroit-il défendre ?
C’est la maniére de s’y prendre,
Qui fait qu’un obstiné se rend.
Le voici, laissez-moi, s’il vous plaît, éloignée,
Il me viendra soudain faire ici les yeux doux.

Aglaure.

Ce sera pour Psyché, s’il s’explique avec vous,
De l’inquiétude épargnée.
J’en attens le succès. Adieu.