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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/424

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Le nom de l’Inconnu qui nous met en souci.
Sur ses refus j’ai perdu patience,
Et me suis échappée à quelques mots d’aigreur.

Céphise.

Croyez-moi, vous cherchez, ma sœur,
Une fatale connoissance.
Pourquoi ce desir curieux ?
Manquons-nous de plaisirs & de galantes fêtes,
Depuis qu’avec Psyché nous habitons ces lieux ?
Et quand vous apprendrez qui les tient toujours prêtes,
Prétendez-vous en être mieux ?

Aglaure.

Il est fort naturel de chercher à connoître
Un amant qui s’obstine à se tenir caché.

Céphise.

Mais s’il est connu de Psyché,
Voyez-vous quel mal en peut naître ?
Sa main paiera des feux si tendres & si doux,
Et par leur paisible hyménée,
La fête aussitôt terminée
Ne charmera plus que l’époux.
Alors, où pour nous, je vous prie,
Seront & les jeux & les ris ?
Car enfin folle est qui s’y fie ;
Quand les amans sont maris,
Adieu la galanterie.

Aglaure.

Non, l’Inconnu doit être né
Pour s’en faire toujours un plaisir nécessaire,
Et son amour par l’hymen couronné,
N’aura pas moins d’ardeur de plaire.

Céphise.

Si vous me répondez que mari comme amant,
Nous le verrons toujours le même,
Je saurai son secret.

Aglaure.

Je saurai son secret.Vous le saurez ! Comment ?