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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/427

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Mais quant à l’Inconnu, son nom ? Regarde-moi.
J’ai promis à Psyché de le savoir de toi ;
Je dois tenir parole, il y va de ma gloire.

Zéphire.

Ne me presse point là-dessus,
J’ai des raisons…

Céphise.

J’ai des raisons…Pures chimeres !

Zéphire.

Je ne saurois parler.

Céphise.

Je ne saurois parler.Abus,
Tu m’aimes ; s’il me faut essuyer tes refus,
Tu n’es pas bien dans tes affaires.

Zéphire.

Je prendrois grand plaisir à ne te rien cacher ;
Mais veux-tu, parce que je t’aime.
Que l’Inconnu me vienne reprocher
Que ma langue ait fait tort à son amour extrême ?
C’est de tous les amans le plus passionné,
Rien ne sauroit égaler sa tendresse ;
Mais il veut être sûr du cœur de sa maîtresse,
Avant que son secret lui soit abandonné.

Céphise.

Qu’il ne craigne rien, Psyché l’aime.
Tant de soins de lui plaire ont vaincu sa fierté.

Zéphire.

Si tu me disois vrai, me voilà bien tenté.

Céphise.

N’en doute point, je le sai d’elle-même.
Mais enfin je commence à prendre pour affront
Une si longue résistance.

Zéphire.

Attens ; pour ne rien faire avec trop d’imprudence,
Il est bon que l’Amour me serve de second.

[Il se tourne vers l’Amour qui sort de la niche,
& ôte le masque qui lui couvroit le visage].