Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène II.

THALIE, CRISPIN.
Crispin.

Dieu vous gard, Madame Thalie,
Hé, depuis quand à Paris de retour ?
Je vous croyois en Italie,
Où vous aviez, dit-on, fixé votre séjour.

Thalie.

N’est-ce pas là Crispin qui me parle ?

Crispin.

N’est-ce pas là Crispin qui me parle ?Lui-même.
Crispin cadet, fils de Crispin l’aîné,
Sous une heureuse étoile né,
S’il pouvoit se flatter de la gloire suprême
D’être autant de vos favoris
Que feu son pere en fut jadis ;
Car il en fut beaucoup, à ce que j’entens dire.

Thalie.

Je l’ai favorisé, j’ai connu les talens,
Qu’il eut du ciel pour faire rire,
Et pour plaire aux honnêtes gens ;
Mais enfin depuis quelque temps
En termes assez bons on m’a parlé des vôtres,
Et l’on m’en a tant dit…

Crispin.

Et l’on m’en a tant dit…À d’autres.
Comme toujours de la profession
L’amour propre fut l’appanage,
Ne me louez qu’avec précaution ;
Je n’ai que trop de pente à la présomption,
Ne m’en donnez pas davantage.