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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/437

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Thalie.

La louange n’est pas mon fort ;
La raillerie est mon partage.

Crispin.

Fort bien ; vous me raillez, je gage,
Et j’ai donné dedans. J’ai tort.
D’autres que moi…

Thalie.

D’autres que moi…Laissons cette matiére ;
Et me dites un peu ce que l’on fait ici.

Crispin.

On fait tout ce qu’on peut pour plaire,
Et l’on est fort content quand on a réussi,

Thalie.

Arrive-t-il souvent que l’on y réussisse ?
Et pendant mon absence…

Crispin.

Et pendant mon absence…On s’est passé de vous,
Et pour peu qu’on nous applaudisse,
Nous redoublons nos soins ; enfin nous sommes tous
Fort contens de Paris, quand Paris l’est de nous.

Thalie.

De bons acteurs la troupe est-elle bien fournie ?

Crispin.

Troupe, Madame, on dit à présent compagnie.
Malepeste, sur un bon piéd,
Nous avons mis la comédie ;
Et si par quelque heureux génie
Le théatre étoit appuyé…
Car, voyez-vous, j’ai l’ame la plus ronde,
Et ne sais point faire le fin.
Vous nous voyez aujourd’hui bien du monde,
Nous n’aurons personne demain.

Thalie.

Comment donc, & qui peut produire
Chez vous cette inégalité ?

Crispin.

C’est que… Comprenez bien ce que je vais vous dire ;