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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/438

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Une première fois par curiosité…
On vient voir en foule un ouvrage,
Quand… la premiere fois… on en est dégoûté…
On n’y revient pas davantage.

Thalie.

Cela se comprend aisément ;
Mais à qui d’une piece attribuer la chûte ?

Crispin.

On en parle différemment.
L’auteur aux acteurs l’impute,
Les acteurs parlent autrement,
Le parterre ordinairement
Est le juge de la dispute ;
Et comme il juge sainement,
Il juge souverainement,
Ce qu’il a jugé s’exécute.

Thalie.

Vous avez de nouveaux acteurs ?

Crispin.

Oh, beaucoup, presque autant que de nouveaux auteurs ;
Que l’un de nous quitte ou trépasse,
Il en viendra quatre à sa place.

Thalie.

Cela vous fait plaisir.

Crispin.

Cela vous fait plaisir.Le proverbe le dit,
Plus on est de foux, plus on rit.

Thalie.

Le proverbe est très-véritable.
Mais, dites-moi, de grace, à ces acteurs nouveaux,
Le parterre est-il favorable ?

Crispin.

S’il ne leur étoit pas, ce seroit bien le diable ;
Nous n’avons presque plus de ces originaux
Que vous aviez formés vous-même ;
Grand changement d’un temps à l’autre y a,