Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/442

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De l’enjoué, du sérieux,
Quelque chose qui touche l’ame.
C’est assurément lui, Madame,
À qui sans contredit ce défaut siéd le mieux.

CHANSON D’UN ACTEUR.

Sombre forêt, aimable solitude,
Votre ombre impénétrable à la clarté du jour,
Ne l’est pas à l’inquiétude
Que me cause un funeste amour.
De l’inhumaine que j’adore
L’image me suit en tout lieux,
Et le cruel Amour la présente à mes yeux,
Plus belle qu’elle n’est encore.

Thalie.

Cet acteur a la voix touchante ;
Et je suis tout-à-fait contente
De cette sorte de récit.

Crispin.

Elle ne me plaît point, moi, je trouve qu’il chante,
Et cependant le public l’applaudit.

Thalie.

Vous pourriez, à ce qu’il me semble,
Réciter ainsi deux ensemble.

Crispin.

Deux, soit, n’allez pas jusqu’à trois,
Car c’en seroit trop à la fois.
Allons, Messieurs, du cromatique,
De l’enjouement avec du pathétique ;
Et puis, à peu près là, sur le ton qu’ils prendront,
Pour ne pas rester à rien faire,
Les autres marcheront
Ou par devant ou par derriere,
Tantôt de biais, tantôt en rond.