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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/441

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Thalie.

Venez tous reconnoître en moi
Une des Muses du théatre.

Crispin.

Allons, gaiement ; la Muse est gaillarde & folâtre,
Et le comique est son emploi.


ENTRÉE DES ACTEURS
& actrices qui viennent saluer Thalie
.
Thalie.

Vos acteurs, à ce que je vois,
Ont presque tous du talent pour la danse ?

Crispin.

Fi donc, vous vous moquez, je crois,
Ce n’est pas là danser, c’est marcher en cadence.

Thalie.

Quelqu’un de vous n’a-t-il pas de la voix ?

Crispin.

Pour chanter, non ; il est vrai que par fois
Ils vous prennent un ton tendrement énergique.
Demi-gaillard, demi-tragique,
Une façon de réciter
Qu’on prendroit pour de la musique ;
Quand le tour du vers est lyrique,
Ce diable de ton là ne se peut éviter,
C’est un grand défaut au comique.

Thalie.

Cette maniére de récit
Sera pour moi toute nouvelle,
Et peut-être me plaira-t-elle ;
La nouveauté quelquefois réussit.
Messieurs, que l’on me fasse entendre
Ceux en qui ce défaut est le moins vicieux,

Crispin.

Allons vîte, Monsieur, du grand, du beau, du tendre,