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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/46

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Scène IV


Briseis, Pyrrhus, Phénice, Antilochus.

BRISEIS

Et bien, notre retraite est enfin résolue,
Achille a vu Priam, et la paix est conclue ?

PYRRHUS

Oui, Madame, et l’horreur où je me vois réduit
De cette affreuse paix est le funeste fruit.
Tout s’arme pour me nuire, et je perds Polixène.

BRISEIS

Quoi, Priam contre Achille en auroit crû sa haine ;
Et l’hommage du fils n’auroit point effacé
Le souvenir du sang que le père a versé ?

PYRRHUS

J’ignore à qui je dois imputer ma disgrâce,
Mais enfin, plus d’espoir, un autre a pris ma place,
Achille à mon rival consent à m’immoler,
Et pour le bien public je m’en dois consoler.

BRISEIS

Achille contre un fils malgré moi l’autorise ?
Il lui cède l’objet dont votre âme est éprise ?
Et quel est ce rival ?

PYRRHUS

On m’en a tu le nom,
Mais en vain on me croit cacher Agamemnon,
Il vous aimoit, Madame, et forcé de vous rendre
Des traits de Polixène il n’a pu se défendre.
Achille qui pour vous a triomphé de lui,
A voulu contre moi se faire son appui,
Et crû devoir par là calmer la haine ouverte,
Qu’avoit semée entre eux l’ennui de votre perte.
C’est lui, qu’on me préfère, il n’en faut point douter,