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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/47

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BRISEIS

En vain Agamemnon prend droit de se flatter.
Achille m’a promis, et plutôt que j’endure
Ce que vos feux trompés feroient au mien d’injure,
Dût la guerre en fureur ne s’éteindre jamais,
Il m’aime, soyez sûr que je romprai la paix.
Je sais ce que je puis.

PYRRHUS

Ah, c’en est trop, Madame,
Tant de sang à verser fait horreur à ma flamme.
Quoiqu’Achille pour vous fasse moins qu’il ne peut,
Ne troublons point la paix, Polixène la veut,
Votre bonheur dépend de laisser tout tranquille,
Par là vous l’épousez ce trop injuste Achille,
Et pour mes intérêts la raison ne veut pas
Qu’un plus long différent vous ôte à vos États.
Allez, Madame, allez prendre le nom de reine,
J’aurai soin de venger la triste Polixène,
Et mon lâche rival à ses pieds immolé,
Peut-être me rendra le bien qu’il m’a volé.


Scène V


Briseis, Pyrrhus, Polixène, Ilione, Antilochus.

BRISEIS

Que me dit-on, Princesse ? On trahit votre flamme,
Achille qui me trompe aide à vous percer l’âme ?
Priam à son parti contre Pyrrhus est joint ?

POLIXÈNE

Madame, ces malheurs ne me surprennent point.
Si du ciel contre moi la rigueur se déploie,
Je n’attendois pas moins, c’est le destin de Troie.