Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/475

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Élisabeth à la Duchesse.

Garderez-vous encor le zéle qui l’excuse ?
Vous le voyez.

La Duchesse.

Vous le voyez.Je vois que Cécile l’accuse,
Dans un projet coupable il le fait affermi ;
Mais j’en connois la cause, il est son ennemi.

Cécile.

Moi, son ennemi ?

La Duchesse.

Moi, son ennemi ?Vous.

Cécile.

Moi, son ennemi ?Vous.Oui, je le suis des traîtres
Dont l’orgueil téméraire attente sur leurs maîtres ;
Et tant qu’entre mes mains leur salut sera mis,
Je ferai vanité de n’avoir point d’amis.

La Duchesse.

Le comte cependant n’a pas si peu de gloire,
Que vous dûssiez sitôt en perdre la mémoire ;
L’état pour qui cent fois on vit armer son bras,
Lui doit peut-être assez pour ne l’oublier pas.

Cécile.

S’il s’est voulu d’abord montrer sujet fidéle,
La reine a bien payé ce qu’il a fait pour elle ;
Et plus elle estima ses rares qualités,
Plus elle doit punir qui trahit ses bontés.

La Duchesse.

Si le comte périt, quoi que l’envie en pense,
Le coup qui le perdra punira l’innocence.
Jamais du moindre crime…

Élisabeth.

Jamais du moindre crime…Et bien, on le verra.
[à Cécile.]
Assemblez le Conseil, il en décidera,
Vous attendrez mon ordre.