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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/474

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À ma honte, il est vrai, je le dois confesser,
Je sentis, j’eus pour lui… Mais que sert d’y penser ?
Suffolc me l’a ravi, Suffolc qu’il me préfere
Lui demande mon sang, le lâche veut lui plaire.
Ah ! Pourquoi, dans les maux où l’amour m’exposoit,
N’ai-je fait que bannir celle qui les causoit ?
Il falloit, il falloit à plus de violence
Contre cette rivale enhardir ma vengeance.
Ma douceur a nourri son criminel espoir.

La Duchesse.

Mais cet amour sur elle eut-il quelque pouvoir ?
Vous a-t-elle trahie, & d’une ame infidéle
Excité contre vous…

Élisabeth.

Excité contre vous…Je souffre tout par elle.
Elle s’est fait aimer, elle m’a fait haïr,
Et c’est avoir plus fait cent fois que me trahir !

La Duchesse.

Je n’ose m’opposer… Mais Cécile s’avance.



Scène III.

ÉLISABETH, LA DUCHESSE, CÉCILE, TILNEY.
Cécile.

On ne pouvoit user de plus de diligence.
Madame, on a du comte examiné le seing,
Les Écrits sont de lui, nous connoissons sa main,
Sur un secours offert toute l’Irlande est prête
À faire au premier ordre éclater la tempête ;
Et vous verrez dans peu renverser tout l’état,
Si vous ne prévenez cet horrible attentat.