Scène IV.
Venez, venez, Duchesse, & plaignez mes ennuis,
Je cherche à pardonner, je le veux, je le puis ;
Et je tremble toujours qu’un obstiné coupable,
Lui-même contre moi ne soit inexorable.
Ciel, qui me fis un cœur & si noble & si grand,
Ne le devois-tu pas former indifférent ?
Falloit-il qu’un ingrat aussi fier que sa reine,
Me donnant tant d’amour, fut digne de ma haine,
Ou si tu résolvois de m’en laisser trahir,
Pourquoi ne m’as-tu pas permis de le haïr ?
Si ce funeste arrêt n’ébranle point le comte,
Je ne puis éviter, ou ma perte, ou ma honte,
Je péris par sa mort ; & le voulant sauver,
Le Lâche impunément aura sû me braver.
Que je suis malheureuse !
Quand on hait la rigueur, & qu’on s’y voit contraindre ;
Mais si le Comte osoit, tout condamné qu’il est,
Plûtôt que son pardon, accepter son arrêt,
Au moins de ses desseins, sans le dernier supplice,
La prison vous pourroit…
Il y va de ma gloire, il faut qu’il céde.
Je crains qu’à vos bontés il ne se rende pas,