Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/517

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Scène derniere.

ÉLISABETH, SALSBURY, TILNEY.
Élisabeth.

Hé bien, c’en est donc fait ? Vous n’avez plus d’ami.

Salsbury.

Madame, vous venez de perdre dans le comte
Le plus grand…

Élisabeth.

Le plus grand…Je le sais, & le sais à ma honte ;
Mais si vous avez crû que je voulois sa mort,
Vous avez de mon cœur mal connu le transport.
Contre moi, contre tous, pour lui sauver la vie,
Il falloit tout oser, vous m’eussiez bien servie ;
Et ne jugiez-vous pas que ma triste fierté
Mendioit pour ma gloire un peu de sûreté ?
Votre foible amitié ne l’a pas entendue,
Vous l’avez laissé faire, & vous m’avez perdue.
Me faisant avertir de ce qui s’est passé,
Vous nous sauviez tous deux.

Salsbury.

Vous nous sauviez tous deux.Hélas, qui l’eût pensé ?
Jamais effet si prompt ne suivit la menace.
N’ayant pû le résoudre à vous demander grace,
J’assemblois ses amis pour venir à vos piéds
Vous montrer par sa mort dans quels maux vous tombiez,
Quand mille cris confus nous sont un sûr indice
Du dessein qu’on a pris de hâter son supplice.
Je dépêche aussi-tôt vers vous de tous côtés.

Élisabeth.

Ah ! Le lâche Coban les a tous arrêtés.