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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/516

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Tilney.

C’en sera fait, sans doute.Oui, Madame.

Élisabeth.

C’en sera fait, sans doute.Oui, Madame.Il est mort,
Et tu l’as pû souffrir ?

Tilney.

Et tu l’as pû souffrir ?Le cœur saisi d’alarmes,
J’ai couru ; mais par-tout je n’ai vu que des larmes.
Ses ennemis, madame, ont tout précipité,
Déjà ce triste arrêt étoit exécuté ;
Et sa perte si dure à votre ame affligée,
Permise malgré vous, ne peut qu’être vengée.

Élisabeth.

Enfin ma barbarie en est venue à bout.
Duchesse, à vos douleurs je dois permettre tout ;
Plaignez-vous, éclatez. Ce que vous pourrez dire
Peut-être avancera la mort que je desire.

La Duchesse.

Je céde à la douleur, je ne le puis celer,
Mais mon cruel devoir me défend de parler ;
Et comme il m’est honteux de montrer par mes larmes
Qu’en vain de mon amour il combattoit les charmes,
Je vais pleurer ailleurs, après ces rudes coups,
Ce que je n’ai perdu que par vous & pour vous.



Scène VII.

ÉLISABETH, TILNEY.
Élisabeth.

Le comte ne vit plus ! Ô reine, injuste reine !
Si ton amour le perd, qu’eût pû faire ta haine ?
Non, le plus fier tyran par le sang affermi…