Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/533

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Je l’avoue, & Léon, s’il m’offroit son hommage,
D’un indigne refus n’essuieroit pas l’outrage.
Te faut-il dire plus ? D’un sentiment jaloux
Ma vanité blessée anime mon courroux.
Il aime Bradamante, a-t-elle plus de charmes,
A-t-elle plus que moi de renom dans les armes ?
Ai-je moins de mon bras signalé la valeur ?
Enfin, soit pour Roger dont je plains le malheur,
Soit pour moi, qui voudrois une gloire éclatante,
Je ne puis voir Léon amant de Bradamante ;
Et pour rompre les nœuds qui les pourroient unir,
Il n’est point d’entreprise où je n’ose venir.
Si contre leur hymen je n’ai point d’autre voie…
Mais que vois-je ? Timante ! Ah, quel sujet de joie !
Pour finir les ennuis soufferts jusqu’à ce jour,
Me vient-il de mon frere apprendre le retour ?



Scène V.

MARPHISE, TIMANTE, ISMENE.
Marphise.

Qu’est devenu Roger ?

Timante.

Qu’est devenu Roger ?Roger, toujours le même,
Après un long exil, vient revoir ce qu’il aime.
L’éloignement faisoit son plus cruel souci.

Marphise.

Que mon bonheur est grand de le savoir ici !
Où pourrai-je le voir ?

Timante.

Où pourrai-je le voir ?Sa flamme impatiente
L’a fait en arrivant voler chez Bradamante ;