Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/532

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Marphise.

L’arrête en des liens…Lui ? Le croire inconstant ?
Ah ! Vous voulez changer.

Bradamante.

Ah ! Vous voulez changer.C’en est assez, Madame,
Soupçonnez ma conduite, & doutez de ma flamme,
Le champ s’ouvre ; aujourd’hui mon bras doit être armé,
Et vous saurez bientôt si Roger est aimé.



Scène IV.

MARPHISE, ISMENE.
Ismene.

Après ce qu’elle a fait votre crainte m’étonne.
Léon n’a pû lui faire accepter la couronne ;
Et quand vous la voyez s’apprêter au combat…

Marphise.

Pour de fausses vertus il est un faux éclat.
Si contre lui d’abord elle se fût armée,
Tu ne me verrois pas inquiète, alarmée ;
Mais avoir consenti qu’il ait, pendant six mois,
Essayé par ses soins de mériter son choix,
Avoir pû l’écouter sans dédain, sans colere,
N’est-ce pas faire voir qu’elle immole mon frere ?
Et que peut un absent dans ces devoirs rendus,
Contre l’offre d’un trône, & des soins assidus ?

Ismene.

Mais craignant en secret que Bradamante l’aime,
Quand vous la condamnez, n’est-ce point pour vous-même ?
Et Léon vous est-il assez indifférent…

Marphise.

Au plaisir de régner la plus fiere se rend,