Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/558

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À l’objet de mes vœux s’il ose encor prétendre,
S’il y garde des droits, qu’il vienne les défendre.
Comme c’est un rival digne de ma valeur,
Je l’accuse déjà de trop peu de chaleur,
Et croi ne pas jouïr assez de ma victoire,
Tant qu’il laisse manquer sa défaite à ma gloire.

Marphise.

À l’espoir d’un vainqueur tout semble être permis,
Mais cet espoir pourroit vous avoir trop promis.
Marphise que jamais le péril n’épouvante,
Saura mieux résister que n’a fait Bradamante ;
Et Roger, dont l’amour pressera le courroux,
Plus que Marphise encor est à craindre pour vous.

Léon.

Si l’ardeur du courage à l’amour se mesure,
Aimant plus que Roger, la victoire m’est sûre ;
Quelque valeur qu’il ait, c’est ce qu’il connoîtra ;
Qu’il vienne, qu’il paroisse.

Marphise.

Qu’il vienne, qu’il paroisse.Hé bien, il paroîtra.
J’aime qu’à mon défi ce noble orgueil réponde,
Mais j’ai parlé ; prenez un bras qui vous seconde,
Si Bradamante veut avec vous s’engager,
Je combattrai contre elle, & vous contre Roger.

Léon.

Quoi qu’on doive être sûr de sa valeur extrême,
Un amant n’a jamais exposé ce qu’il aime.
Mais puisque ce combat a pour vous tant d’appas,
Sans peine je saurai trouver un autre bras.
Obtenez seulement que le roi le permette.
Du choix que je ferai vous serez satisfaite.
Sur-tout arrêtez l’heure, & m’en avertissez ;
Léon qui l’attendra sera prêt.

Marphise.

Léon qui l’attendra sera prêt.C’est assez.