Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/563

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[à Marphise en lui montrant Roger.]
Voici qui contre vous, paroissant dans la lice,
De mes prétentions soutiendra la justice.

Marphise.

Vous voulez que Roger combatte contre moi ?

Leon.

Roger ?

Roger, à Marphise.

Roger ?Qu’avez-vous dit ?

Leon.

Roger ?Qu’avez-vous dit ?C’est Roger que je voi ?

Marphise.

Dans le vif désespoir où son amour doit être,
J’ai crû que pour Roger il s’étoit fait connoître,
Et que s’il eût voulu plus long-temps se cacher,
Il n’auroit pas pris soin de vous venir chercher.
Les sermens les plus forts, l’ardeur la plus constante
Ont acquis à ses vœux le cœur de Bradamante.
Votre fatal triomphe a troublé son bonheur.
Vous usurpez ses droits par celui de vainqueur.
Prince, voyez à quoi son honneur le convie,
Il faut pour les céder qu’il lui coûte la vie ;
Et si l’hymen vous rend possesseur de son bien,
Il doit être signé de son sang & du mien ;
J’en ai votre parole, & le roi l’autorise.
Roger n’en voudra pas désavouer Marphise.
Je le laisse avec vous ; reglez l’heure & le lieu.
Prête à souscrire à tout, j’attendrai l’ordre, adieu.