Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/567

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C’est trop, il m’ose croire & foible & sans courage,
D’un si bas sentiment souffrons-lui l’avantage ;
Et par tout ce qui peut m’en laisser mieux vengé,
Faisons-le repentir de m’avoir outragé.

Roger.

Quel triomphe, & qu’il coûte à mon ame abattue !

Léon.

Si votre espoir détruit est un coup qui vous tue,
Qui fait contre un ami ce qui doit l’accabler,
Mérite tous les maux dont l’amour peut trembler.



Scène IV.

ROGER seul.

Acheve, sort cruel, & si ce que j’endure
N’est pas pour ton caprice une peine assez dure,
Invente des tourmens dont l’affreuse rigueur
Ait encor plus de force à déchirer mon cœur.
Pour plaire à l’amitié qui le veut, qui l’ordonne,
Je renonce à l’espoir qu’un tendre amour me donne ;
Et par le plus funeste & surprenant retour,
J’offense l’amitié quand je trahis l’amour.
Que me sert que l’honneur par une loi pressante
M’ait forcé d’immoler…